Thérapie et spiritualité

Pourquoi faire de la thérapie si l’on s’intéresse à la spiritualité ?

Il est rare que l’on entame un chemin spirituel lorsque tout va bien.

En effet, même pour ceux qui sentent un appel intérieur à découvrir quelque chose de plus vaste que ce que le monde propose, les vicissitudes et les obligations quotidiennes relèguent souvent cet intérêt au dernier rang de leurs préoccupations.

Il faut souvent attendre un choc, un effondrement ou des questionnements existentiels si importants qu’il se produit un retournement de priorité.

Dans ces conditions, et au vu de l’état émotionnel dans lequel se trouve la plupart des occidentaux, il est sage d’entreprendre une thérapie en amont ou en même temps qu’un chemin spirituel.

 

En voici les principales raisons :

  • Partir dans une quête spirituelle afin de fuir ce monde, jugé inapproprié, trop ceci ou pas assez cela, constitue ce que l’on appelle une fuite spirituelle. Cette attitude, qui peut mener à l’isolement et à la manipulation, renforce l’idée de dualité ; elle va donc à l’encontre d’une authentique voie spirituelle, qui au contraire est sensée amener à l’unité ou non-dualité.
  • Pour ne pas sentir nos blessures émotionnelles, l’habitude que nous avons prise (due en grande partie à notre éducation) est de se couper de notre ressenti.
    Dans mes cours de Taichi ou mes consultations, je suis toujours surpris de voir à quel point les « gens » sont coupés de leur corps. Comme ont dit, ils sont dans leur tête toute la journée, et il faut attendre des émotions fortes ou des douleurs pour qu’ils daignent ressentir ce qui se passe dans le corps. Malheureusement, cette attitude sera un frein important sur le chemin spirituel, car ce que nous cherchons se trouve non pas à l’extérieur, comme nous l’a fait croire la religion, mais bien à l’intérieur.
    Et cet accès, qui passe par le cœur, se révèle sous forme de ressenti et non de savoir intellectuel. Il sera donc capital de faire un « travail » sur les émotions, qui sont en relation directe avec ce que l’on appelle « le mental », pour pouvoir accéder un jour, à ce que nous sommes en vérité.
  • Il est dit que pour trouver LA PAIX (que l’on nomme également « éveil »), il faut être en paix avec soi-même, en paix avec le monde et en paix avec Dieu ! Cela me parait difficile sans un travail thérapeutique préalable n’est-ce pas ?
    Que ce soit les blessures liées à nos parents, à la religion, au patriarcat et j’en passe, nous sommes emplis d’une colère sourde envers l’autorité qui nous a abusés pendant des siècles. Cette fracture nous place en position de victime et nous maintient dans une dualité qui juge et sépare. Il sera alors très utile de pacifier tous nos espaces intérieurs qui vibrent encore à cette fréquence, non pas pour devenir des moutons, mais pour transcender les apparentes dualités.

 

 

Quelle sont les limites de la thérapie ?

 

 Je partirais d’une phrase d’Arnaud Desjardins que j’aime beaucoup :

« La thérapie soigne la personne, la spiritualité soigne DE la personne »

 

Là où certains se contenteront d’un travail thérapeutique, et enchaîneront peut-être avec le développement personnel, d’autres (de plus en plus nombreux) sentiront qu’il y a plus.

En effet, depuis l’ère industriel, on nous vend un monde idéal avec une certaine idée du bonheur. On aspire à un travail épanouissant, un conjoint parfait, de beaux enfants, une belle maison, un belle voiture, bref, à une vie qui ressemble à un décor de carton-pâte.

En vérité, ce bonheur n’existe pas, tout comme il n’existe pas non plus de personne heureuse.
Comme dit le dicton « la vie, c’est dur et à la fin, on meurt ».

Oui j’en conviens, c’est un peu brutal dit comme ça, mais soyons honnête et regardons autour de nous ou même dans le passé, qui à trouver LE bonheur dans ce monde ?

En réalité personne, et on le sait au fond de nous, pourtant, on continue de le cherche encore dans les objets extérieurs.

On espère réussir sa vie, on rêve, on prie, on se bat, on se débat…

« Mon royaume n’est pas de ce monde », ça vous dit quelque chose ?

  • Que celui à qui l’on attribue cette phrase ait une réalité historique ou pas n’y change rien.
  • Que la religion l’ait interprétée comme un ajournement, en attendant un futur paradis mérité par la somme de nos bonnes actions, n’y change rien.

Il faut chercher au bon endroit et renoncer à trouver ce que nous sommes (le fameux connais-toi toi-même) au travers de notre identité.

Tout ce que l’on croit être est une construction qui vient d’un regard extérieur (nos parents, professeurs, pays, société, etc...).

Le personnage qui s’est construit au fil des ans n’est qu’un château de cartes, alors même si les cartes les plus pourries ont été retirées en thérapie, pourquoi vouloir reconstruire quelque chose de tout aussi factice ?

Cela ne reviendrait -il pas à repeindre les murs de sa prison intérieure plus blancs que blancs ?

N’êtes-vous donc pas plus intéressé à sortir de la prison ?

 

David Banchereau